http://bota-phytoso-flo.blogspot.fr/2013/11/botanique.html

mercredi 27 août 2014

Habitats naturels, semi-naturels et artificiels

[3ème version :30/05/2015]
[2ème version : 27/08/2014]
[1ère version : 09/10/2013]

La directive Habitat de 1992 se donne pour objet « la conservation des habitats naturels » et précise que ceux-ci sont : « des zones terrestres ou aquatiques se distinguant par leurs caractéristiques géographiques, abiotiques et biotiques, qu'elles soient entièrement naturelles ou semi-naturelles ». Ce faisant, la notion d’une distinction qualitative des habitats basée sur leur degré de naturalité est introduite.

Cependant la directive ne précise pas la définition de ce qui est « naturel » par rapport à ce qui est « semi-naturel ». Or la compréhension de cette distinction est nécessaire à une bonne appréhension de la prise en compte de la nature dans les politiques d’aménagement du territoire. Je propose donc une réflexion sur ces concepts. [Ajout du 12/10/2014 : Jusqu'à présent je n'avais presque jamais eu l'occasion de lire des définitions précisant ces concepts. Dans le 1er numéro des Cahiers Scientifiques et Techniques du CBN de Brest, une définition est proposée p. 20. elle sera commentée dans cet article prochainement.]


Le naturel et l'artificiel

Cette opposition est plus souvent évoqué sous la forme "nature et culture". Le naturel pouvant se définir comme tout ce qui a trait à un déterminisme biologique sur lequel on ne peut influer et qui est donc subit : manger est un besoin pour vivre. De l'autre côté, le culturel renvoie à tout ce qui est décidé consciemment et organisé : les choix, les horaires, les manières et les habitudes alimentaires par exemple.
Le terme de culture, renvoie au fait d'organiser la production alimentaire au lieu de la laisser dépendre des aléas de la chasse et de la cueillette.
L'artifice étant quant à lui un "procédé inventé pour améliorer une technique, un art (...)", il se conçoit donc comme un aboutissement du processus culturel. Ce qui est "artificiel" est donc en quelque sorte le paroxysme du culturel en opposition totale avec le naturel.

Concernant la végétation, son état naturel serait donc un état ne résultant pas de l'organisation humaine mais au contraire complètement indemne de celle-ci.

Cette définition n'est pas pratique à utiliser car elle renvoie au domaine de l'artificiel ou au moins du semi-naturel, la quasi totalité de la couverture végétale que les êtres humains fréquentent habituellement. En effet, on peut affirmer sans trop se tromper que la quasi totalité des ressources naturelles facilement accessibles est actuellement gérée - si ce n'est exploitée - par l'Homme.

Quel concept de Nature ?

Pour un nombre de plus en plus croissant de scientifiques et d'ingénieurs, les espaces naturels "purs" sont devenus, si non une réalité révolue appartenant au passé, du moins un objet d'extrême rareté restreints aux milieux les plus reculés et inaccessibles (haute montagne, falaises, etc.). Si de très rares exceptions sont concédés : le parc naturel de Białowieża en Pologne est un exemple fréquemment cité d'espace "préservé" (il faudrait mettre plus de guillemets), mêmes les milieux les plus "sauvages" aux yeux de l'imaginaire collectif sont remis en cause dans leur naturalité. C'est notamment le cas de la forêt amazonienne qui aurait subit l'influence des tribus indiennes la peuplant et qui ne serait donc pas strictement naturelle mais relèverait plutôt d'un immense jardin.

Pour aller plus loin, il est intéressant de remarquer que l'Homme, depuis la préhistoire jusqu'à l'époque moderne, a exterminé la plupart des grands mammifères. Mammouths et tigres à dent de sabre en sont les exemples les plus connus, mais il faut savoir qu'il y avait en Europe des bisons, des aurochs, des éléphants, des hippopotames et plein d'autres grands animaux. Ceux-ci participaient largement à la structuration de la végétation et donc à l'image globale de la nature, créant des ouvertures, modifiant la composition du sol via l'apport de leurs excréments, le tassaient, etc.
Puis dès le moyen-âge et jusque vers 1600 environ (en Europe) l'Homme a largement déboisé le continent, que ce soit via le pâturage extensif, pour gagner des terres arables, construire, se chauffer et cuire les aliments, faire la guerre, etc. Il a également - et de tout temps - modifié la répartition et la qualité des ressources en eau à la surface du globe, via l'irrigation, la construction de barrage, la pollution, etc.
Enfin avec l'arrivée de l'industrialisation, l'Homme a largement modifié les grands cycles de la matière (carbone, azote, etc.).

Cependant lorsque l'on parle avec un non spécialiste, on observe une conception très différente de ce qui relève de la nature. Qu'il s'agisse d'un citoyen lambda, d'un amateur ou même de certains techniciens, la nature commence simplement là où l'urbanisation s'arrête. Par exemple, le conseil général des Landes n'hésite pas à faire sa promotion touristique en vantant la "nature à l'état pur" du département, expression qui fera au minimum sourire et au pire s'étrangler toute personne travaillant avec la biodiversité et les milieux "naturels". Et j'ai moi-même été plusieurs fois témoin de l'émerveillement de citadins devant le spectacle de "nature" offert par une plantation de pins...
Dans ce système de raisonnement le naturel est alors échelonné entre le "naturel connu" : celui qui est considéré comme "bon" (le jardin potager, la campagne ou la forêt où l'on se promène) et le naturel considéré comme "sauvage, inconnu" dans lequel on a perdu ses repères et qui peut se révéler dangereux : la haute montagne, la jungle, etc. Voire même un taillis de ronce ou un talus routier abandonné aux herbes folles, alors même que ces derniers exemples sont des réalisations secondaires créées par l'homme : le taillis via le défrichement et la mise en place de haies autours des parcelles agricoles, et les herbes folles du tallus via la création de la route.

Les notions de climax et VNP

Depuis F.E. Clements les scientifiques utilisent la notion de climax pour faire référence à l'état stable (donc aboutit, mâture) d'un écosystème sous l'influence d'un sol et d'un climat donné.
Un autre concept assez proche est celui de "végétation naturelle potentielle" (VNP) qui exprime une hypothèse de ce que pourrait être la végétation naturelle dans une zone donnée. Cette hypothèse est basée sur l'observation de la végétation actuelle la plus largement structurée et compétitive dans cette même zone. Il ne s'agit ni d'une estimation de ce qu'aurait pu être la végétation en l'absence de l'influence humaine passée, ni d'une prédiction de ce que sera la végétation dans le future si l'influence humaine devait cesser. (cf. Loidi et al. 2010)

J. Loidi (1994) définit la "naturalité" (naturalness) de la manière suivante :
Naturalness, applied to vegetation types, tries to express the degree of human influence on it, and comprises two aspects : 1- the damage or transformations caused by man in plant communities, and 2 - how these plant communities are the result of and dependent on human activity themselves.
As the successional paradigm has been widely accepted by most vegetation science schools, it has been considered that naturalness can be widely expressed in terms of distance from the climax or potential natural vegetation (PNV); the highest naturalness would correspond to PNV in an undisturbed situation.
Ce qui en français donne quelque chose comme :
La naturalité, appliquée aux types de végétation, tente d'exprimer le degré d'influence humaine sur ceux-ci, et comprend deux aspects : 1 - les dommages ou transformations causés par l'Homme aux communautés végétales, et 2 - comment ces communautés végétales sont le résultat des activités humaines et dépendent de celles-ci.
Comme la théorie des successions végétales a été largement acceptée par la plupart des écoles de phytosociologie, il a été considéré que la naturalité peut être exprimée en terme de distance au climax ou à la végétation naturelle potentielle (VNP); le plus haut degré de naturalité correspond alors à la VNP en situation de non perturbation.

Critique de l'utilisation des notions de climax et de VNP pour définir la naturalité

Malgré les deux aspects pris en compte par Loidi dans son travail de 1994 (cf. ci-dessus), la formulation de la naturalité "exprimée en terme de distance au climax ou à la végétation naturelle potentielle (VNP)" et où "le plus haut degré de naturalité correspond alors à la VNP en situation de non perturbation" me semble problématique.

J'aurais préféré qu'il précise "le plus haut degré de naturalité correspond alors à la VNP en situation de non perturbation anthropogène" : en effet la formulation retenue, considérée de manière isolée, perd sa référence à l'action perturbatrice de l'Homme et peut conduire à des confusions.
Par exemple pourquoi ne pas considérer comme naturelles des végétations correspondant à des stades préliminaires à la mise en place du climax ou de la VNP ? Ou encore des végétations issues du climax ou de la VNP par régression - qu'elle soit primaire ou secondaire (voir plus bas) ?

Loidi lui-même donne une interprétation surprenante de ce qu'il considère comme naturel. Dans son échelle de 0 (zones complètement artificialisée) à 10 (forêt mâture non exploitée, etc.), en positionnant les végétation de manteau et d'ourlet au niveau 6, les formations herbacées et fruticées naturelles d'origine secondaire au niveau 5, ou encore les pâturages et prairies au niveau 4, comme si celles-ci ne pouvait être un produit complètement naturel...
Or s'il est évident que la plupart des formations de lisières sont aujourd'hui dues à la gestion humaine, il existe tout de même de telles formations naturelles, dues aux chablis de tempêtes.
Et si l'immense majorité des prairies et pâtures résultent actuellement de l'action (agricole) de l'Homme, il y a tout de même des végétations prairiales d'origine naturelle, notamment dans les zones alluviales. Et, bien qu'actuellement hypothétique, faut-il pour autant ignorer l'action passée de la mégafaune européenne qui incluait à la préhistoire encore des éléphants, des hippopotames, etc. lesquels ont du - indemnes de toute gestion humaine - participer à l'ouverture du couvert et à la genèse de végétations herbacées issues du piétinement et de l'abroutissement ?

Même si Loidi replace son analyse dans le contexte de la péninsule ibérique, son traitement me semble trop anthropocentré.
On peut cependant remarquer que l'utilisation de grands types de formation végétales (forêt, prairie, etc.) n'est pas suffisamment précis pour traduire efficacement le degré de naturalité d'un espace. En effet, il y a des forêts complètement artificielles et des prairies complètement naturelles.

Références :
- Longeart, M. Nature et Culture. Académie de Grenoble [lien]
- Map of the Natural Vegetation of Europe [lien]
- Loidi, J. (1994) Phytosociology applied to nature conservation and land management. in Song, Y., Dierschke, H. & Wang, X. (eds) 1994 Applied Vegetation Ecology. Proceed. 35th Symposium IAVS in Shangai. East China Normal Univ. Press.
- Loidi, J. et al. (2010) Understanding properly the potential natural vegetation concept. J. Biogeogr. 37, 2209-2215.

Naturalité VS Biodiversité ?
Il semble important de souligner que la naturalité ne va pas forcément dans le sens d'une plus grande biodiversité locale. En effet, en modifiant son environnement, l'Homme a modifié et surtout a diversifié (dans le passé au moins*) les conditions écologiques qui se réalisent dans celui-ci : alors que près de 95% de l'Europe serait naturellement couverte de forêts, le défrichement puis le pâturage ou encore la fauche et la culture permettent le maintien de milieux ouverts : apparaissent alors de nombreux espaces de fruticées,  landes, de pelouses, de prairies, de jachères, etc.

* Si l'action de l'Homme a pu être considérée comme générant une diversification des milieux "semi-naturels" au sacrifice des espaces naturels jusqu'à l'aube de la révolution industrielle,  l'intensification de l'agriculture qui a été la conséquence de cette dernière a largement renversé la tendance. On peut estimer que depuis le début du XXe siècle et particulièrement depuis les années 50, l'influence de l'Homme sur les écosystèmes va plutôt vers une homogénéisation et une simplification des conditions environnementales des agro-écosystèmes exploités.

Aujourd'hui les politiques de protection de la nature se basent plus sur un degré de rareté que sur le degré de naturalité des milieux pour décider lesquels doivent être protégés. Pour preuve, la Directive Faune-Flore-Habitat protège de nombreux types de végétations qui sont bien éloignés de types climaciques (i.e. du climax) ou encore de la VNP : végétations prairiales, châtaigneraies, etc.

De nos jours, la conservation des écosystèmes passe souvent par une lutte contre les phénomènes de succession naturelle (débroussaillement notamment).

Primaire VS Secondaire ?
Une végétation primaire est une végétation qui s'établit dans une succession progressive à partir d'un sol minéral naturel (c'est-à-dire qui n'est pas formé de déblais mus par l'activité humaine). La succession est dite primaire régressive seulement dans le cas où elle conduit à revenir à une étape antérieure dans la succession primaire initialement considérée.
Une végétation secondaire est une végétation qui s'établit dans une succession progressive ou régressive sur un sol évolué, ayant subit le travail de la végétation (fragmentation par les racines, enrichissement par la matière organique, etc.) ou le travail humain (espaces rudéraux).

On associe souvent la notion de milieu primaire à un état naturel, et celle de milieu secondaire à un état anthropisé. C'est un abus de langage du à une confusion entre primaire et primitif.
Ainsi une végétation primaire peut tout à fait subir une influence anthropogène : par exemple si l'Homme sélectionne les espèces participant à une succession primaire. Et au contraire, une végétation secondaire peut être tout à fait naturelle. C'est le cas lors d'un changement drastique des conditions du milieu conduisant la végétation dans une série différente de celle précédemment réalisée, par exemple à la suite d'une catastrophe naturelle (inondation, incendie, avalanche, etc.)

Naturalité et notion d'échelle

[paragraphe à remanier/reformuler]

Un des problèmes auquel on se trouve confronté en réfléchissant au concept de naturalité est la notion d'échelle et l'unité considérée comme naturelle.
Par exemple lorsque l'on considère des systèmes artificiels tels que des cultures - qu'il s'agisse de cultures céréalières, maraîchères, de vigne, de verger ou même de peuplement ligneux telles que les peupleraies et autres plantations monospécifiques - le focus se fait sur la parcelle en tant qu'unité paysagère et on a tendance à ignorer ou en tout cas à laisser de côté les processus naturels qui ont lieu à l'intérieur de ces ensembles.
Ainsi l'envahissement des cultures par des adventices et le développement de végétations particulières propres aux cultures sarclées - qu'elles soient annuelles (céréales, maraîchage) ou vivaces (vignobles et vergers), résultent de dynamiques naturelles que l'Homme cherche généralement à combattre ou tout au moins qu'il ne favorise pas à dessein.

Il s'établit ainsi au sein de ces systèmes culturaux artificialisés des systèmes sinon naturels tout du moins semi-naturels dépendant des premiers.

Ces systèmes - que je qualifierai tout d'abord de semi-naturels (avant de les redéfinir ci-après) - sont trop souvent ignorés* au moment d'évaluer la naturalité des systèmes sur lesquels ils reposent.
(* ou alors ils ne sont valorisés que s'ils recèlent des espèces rares, alors qu'une végétation banale de plantes annuelles - p.ex. de la classe des Stellarietea - peut tout a fait être l'objet d'une dynamique naturelle réalisée en dehors de toute volonté humaine).
Pourtant à une autre échelle d'observation, comme par exemple le paysage, ce défaut d'intégration est moins fréquemment réalisé : un paysage sera considéré comme "naturel" si l'ensemble de ses composantes semblent procéder de dynamiques "naturelles" (et on verra plus bas qu'un regard non avisé pourrait facilement avoir un jugement erroné de ce qui est naturel), au contraire, la moindre présence d'éléments "non naturels" ou "peu naturels" sera rapidement identifiée.


Vers une définition pratique de la naturalité

Je propose d'envisager la naturalité d'un système donné, i.e. un système naturel comme étant un système résultant de l'expression à un temps T de déterminismes écologiques, en dehors de toute gestion humaine, abstraction faite des conditions initiales de mise en place de ce système.

De cette manière la naturalité est uniquement considéré comme la résultante d'une dynamique naturelle où l'Homme est absent ou de laquelle il s'est retiré, sans considération pour l'influence qu'il a pu avoir par le passé et qui a des conséquences sur la mise en place du système considéré.

[restreindre éventuellement la définition à la seule dynamique naturelle et favoriser l'utilisation de ce dernier concept]

Stéphane NAMAN (et al, 2013, CNPF) considèrent également que la naturalité "se définit d'avantage par un gradient d'évolution naturelle (caractère "sauvage")".

Dans cette vision des choses, une friche industrielle se développant sur un terrain remanié par l'Homme à partir d'un nombre important d'espèces exotiques est considéré comme totalement naturel dès lors que l'Homme a abandonné la gestion de cet espace et n'y développe plus d'activité susceptible d'influencer le développement du système considéré.
Dans cet exemple (mais également de manière plus générale), la gestion humaine relèverait du désherbage, de l'apport d'intrants ou de la plantation de nouvelles espèces.

Au contraire considérons un forêt, telle que par exemple, une chênaie traitée en futaie, dont la ou les espèce-s dominante-s est/sont sélectionnée-s, où les espèces concurrentes sont éliminées, où l'ensemble des individus composant le peuplement sont d'âge et de mensurations homogènes et où le sous-bois est régulièrement entretenu. Un tel système, bien que largement considéré comme "naturel" ou "proche de la nature" par de nombreux acteurs selon les normes actuels, devrait être considéré comme largement artificialisé suivant la définition que je propose.

NB : La naturalité est ici détachée du concept de climax et de végétation mâture. Cela permet de considérer comme naturel tout type de végétation, quel que soit son stade au sein d'une succession.

Proposition pour une définition de "semi-naturel"

Un système peut être considéré comme semi-naturel lorsque l'action de l'Homme en son sein a pour seul effet de bloquer durablement un ou quelques processus participant au déterminisme écologique de ce système. Le rôle de l'Homme dans la gestion de systèmes doit se limiter en un événement perturbateur cycliquement répété permettant de bloquer une dynamique naturelle.

Cette gestion ne doit pas inclure une sélection proactive (de favorisation : plantation ; ou de lutte : désherbage, coupe, arrachage, etc.) des espèces composant la biocénose, ni des conditions physico-chimiques réalisées dans le biotope (p.ex. : irrigation ou drainage, utilisation d'intrants, etc.).

NB : La fauche annuelle, le pâturage extensif et le débroussaillage* sont quelques exemples de ce que je considère comme "une action ayant pour seul effet de bloquer durablement un processus participant au déterminisme écologique d'un système".
* débroussaillage (qui affecte indifféremment tout le couvert de la strate arbustive - et éventuellement herbacée haute) ne doit pas être confondu avec arrachage qui résulte d'un choix ciblé d'espèce (à arracher et à conserver).

Proposition pour une définition d' "artificiel"

Un système peut être considéré comme artificiel dès lors que l'Homme prend pleinement part à son organisation en l'adaptant et en l'ajustant à ces besoins. Cette gestion (ingérence!) est considérée tant sur le plan de la structuration du système - notamment via le travail du sol et via un choix actif des espèces vivantes participant à ce système, mais aussi du contrôle effectué sur les conditions écologiques réalisées dans le système et notamment les conditions physico-chimiques (p.ex. : irrigation ou drainage, utilisation d'intrants, etc.).

Conséquences

1.a. Un système artificiel n'interdit pas le développement de sous-systèmes semi-naturels en son sein. C'est le cas notamment, des végétations annuelles se développant entre deux opérations de gestion à caractère perturbateur dans les cultures sarclées.

1.b. Un système semi-naturel n'interdit pas le développement de sous-systèmes naturels en son sein. C'est le cas notamment des synusies dont le type biologique permet non seulement la réalisation complète du cycle vital des espèces les composant, mais aussi la structuration de la communauté, entre deux perturbations anthropogènes.

2. Les systèmes totalement artificiels sont par définition exclus du champ d'étude de la phytosociologie. Cette dernière s'intéresse en effet aux dynamiques naturelles (ou semi-naturelles le cas échéant) qui se mettent en place dans les communautés végétales et concourent à leur développement.

3. Il convient d'envisager une évolution du concept de protection de la nature vers un concept de protection de la biodiversité, bien plus adapté aux enjeux auxquels nous devons faire face et bien plus cohérent vis-à-vis des actions qui ont été réalisées jusqu'à présent.
Une telle conception de protection de la biodiversité ne devrait en aucun cas exclure la protection de la nature. Cependant, en assumant les définitions proposées précédemment, un tel glissement sémantique devrait permettre de mieux valoriser ce qui relève de la nature et de porter un regard plus clair sur la place que nous lui réservons dans nos sociétés.

Aucun commentaire: